LA LECTURE LABIALE
La lecture sur les lèvres est un mode de perception du langage oral par lequel une personne déficiente auditive cherche spontanément à compléter par la vue, des sensations auditives trop pauvres. Elle cherche à reconnaître les idées exprimées, non seulement par une reconnaissance des phonèmes isolés, mais par le déchiffrage global des mouvements phonatoires apparents, des mouvements de physionomie et des attitudes corporelles en général.
Cette lecture sur les lèvres ne peut remplacer que très incomplètement l’audition pour plusieurs raisons :
Peu de détails articulatoires sont visibles, et les traits pertinents souvent moins que les mouvements accessoires.
Les positions articulatoires sont approximatives et variables entre locuteurs différents ou en fonction de l’entourage articulatoire.
De très nombreux phonèmes ont la même image labiale. [(p, b, m) ; (t, d, s, z, i)] etc…
Enfin, certains sons échappent plus ou moins à la lecture labiale par le jeu de la dynamique articulatoire, ainsi le /r/ de « strict » passe absolument inaperçu.
Ces confusions phonétiques entraînent de nombreuses ambiguités sur la perception des mots et des groupes de mots. Par exemple, « papa » et « maman » ont une même image labiale, « chapeau », « chameau », « jambon », « chapon », « Japon » se lisent strictement de la même façon sur les lèvres.
Il résulte d’ailleurs de ce grand nombre de de facteurs d’erreur que la seule lecture sur les lèvres n’est jamais suffisante pour l’apprentissage d’un mot nouveau.
De nombreux « trous » viennent donc entraver la perception de la parole par lecture labiale. La reconnaissance de certains mouvements articulatoires est une première clé pour déchiffrer le message. Mais c’est le contexte qui permettra de compléter et de choisir parmi plusieurs possibilités. À l’intérieur d’un mot, il faut lever les ambiguïtés aux niveau des phonèmes (« table » et non pas « daple ») ; à l’intérieur d’une phrase il faut lever l’ambiguïté au niveau des mots sosies labiaux (« un voyage au Japon » et non « au jambon » ou « au chapeau »). Le labio-lecteur doit stocker dans sa mémoire les signaux importants au fur et à mesure que se déroule la phrase, jusqu’au moment ou une décision est prise quant au sens général. Plus qu’un travail d’analyse et de déchiffrage au niveau de la phonétique articulatoire, la lecture labiale implique une recherche qui se situe au niveau du contexte où intervient la signification. Le sujet cherche à deviner ce qu’il ne perçoit pas en utilisant ce qu’il a reconnu. C’est la « suppléance mentale ». Les personnes sourdes ayant une bonne connaissance de la langue (vocabulaire et syntaxe) sont donc généralement les meilleurs labiolecteurs.
L’utilisation de la lecture sur les lèvres réclame une concentration et une activité intellectuelles considérables.
-L’APPORT DU L.P.C.
Le Langage Parlé Complété (LPC) permet de visualiser tous les phonèmes et donc de rendre perceptible par la vue l’intégralité du message parlé. C’est un codage : la main près du visage complète, syllabe par syllabe, tout ce qui est dit. Chaque syllabe se code au rythme de la parole, en mettant la main à la position correspondant à la voyelle, les doigts réalisant la clé de la consonne (voir dessins).
Ce n’est pas une langue, les mouvements de la main n’ont de sens qu’associés à la parole. De plus, chaque son n’a pas sa clé propre. Deux sons dont l’image labiale est bien différenciée sont codés de la même façon (par exemple t, m, f). Le Langage Parlé Complété, en facilitant la compréhension du langage et de la langue, permet à l’enfant une appropriation plus naturelle de l’expression orale et l’apprentissage du vocabulaire et de la syntaxe. Par la suite, l’enfant pourra donc mieux lire sur les lèvres même sans codage.

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